LA KORA

HISTOIRE DE LA KORA...

Née au Gabu (ou Ngabu ou Kabu), en Afrique de l’Ouest (Actuelle Gambie), la kora est un cordophone hybride entre la harpe et le luth et l’un des instruments les plus élaborés et les plus riches en harmoniques.

 

Origine de la kora.

 

L’origine de la kora est très controversée. Il existe divers récits de djélis ou des témoignages d’ethnologues ou d’ethnomusicologues d’Afrique ou d’ailleurs qui datent la naissance de la kora à diverses époques allant du 13e siècle au 18e siècle. 

 

Parmi ces récits, on trouve celui du chirurgien et aventurier écossais Mungo Park parti d’Angleterre le 22 mai 1795 à la découverte des sources du fleuve Niger. Dans son ouvrage publié en 1799, "Voyages à l’intérieur de l’Afrique (1795-1797)" relatant son expédition de 2 ans le menant au Sénégal, en Gambie et au Soudan Occidental (actuel Mali), il note "une grande harpe à 18 corde" qu’il nomme "korro". Est-ce la kora, son ancêtre ou un instrument intermédiaire ? Selon divers chercheurs, la kora, dans sa forme actuelle à 21 cordes, serait apparue à la fin du 17ème ou au début du 18ème siècle à l’époque des princes guerriers "nyancho" du royaume de Gabu . Du Gabu, la kora aurait gagnée le reste du Mandingue. 

 

D’autres la situent au 19ème siècle comme le souligne le muséologue, ethnomusicologue et musicien sénégalais Ousmane Sow Huchard aka Soleya Mama dans son ouvrage, "La Kora objet-témoin de la civilisation Manding" : On constate donc qu’il est presque impossible de dater précisément la naissance de la kora.

 

L’instrument des djélis.

 

La kora est un des instruments des djélis (griots), elle est pratiquée notamment par les familles Sissoko ou Sissokho ou Cissoko ou Cissokho (Guèye), les Suso, les Diabaté, les Diabakhaté, les Jobarteh, les Kouyaté, les Kanouté, les Tounkara, les Konté et les Kanté. Selon certains récits elle serait originellement l’instrument des Socés et des Khassonkés.

 

Le griot (ou djeli, djéli ou encore jali)  est une personne qui officie comme communicateur traditionnel en Afrique occidentale. Le terme malinké djéliya signifie « activité du djéli », autrement dit l'ensemble des activités du djéli ; il pourrait également designer « transmission par le sang », il désigne le griotisme. La caste des griots est née puis s'est développée dans un contexte où l'écriture était inexistante. Le griot est ainsi considéré comme étant notamment le dépositaire de la tradition orale. Les familles griotiques peuvent être spécialisées en histoire du pays et en généalogie, en art oratoire, en pratique musicale, ou pratiquer les trois, en fonction de l'habileté de chaque griot. Les principaux groupes de griots ou communicateurs traditionnels sont appelés djéli en pays mandingue, guéwël en pays wolof et gawlo chez les Toucouleurs.

 

Chaque famille de djéli accompagne une famille de rois-guerriers nommés diatigui. Il n'est pas de djéli sans diatigui, il n'est pas de diatigui sans djéli, les deux sont indissociables et l'un ne vaut rien sans l'autre. Toutefois, le diatigui peut accepter de «prêter» son djéli à un autre diatigui. L'Empire mandingue s'organisait en castes, chaque caste correspondait à une profession ou une activité artisanale, participant à la cohésion et à l'unité de la société. Les forgerons, les cordonniers, les cultivateurs, les tisserands, les chasseurs, les griots constituaient les principales castes de la société mandingue.

 

Il n'est pas possible de passer d'une caste à une autre. De plus, les mariages exogames sont interdits. Les djéli, porteurs des savoirs et des mystères, ne peuvent épouser que des membres de leur caste afin de sauvegarder la djéliya et de préserver l'identité des djélis. Un enfant (fille ou garçon), né(e) dans une famille de djéli, reçoit l'instruction propre à sa caste. Les liens du sang sont sacrés. Tout enfant est initié dès son plus jeune âge aux techniques et aux savoirs de sa caste. Ce sont les anciens qui forment les jeunes. Du fait de l'exode rural, de l'émigration et de la mondialisation, nombreux sont les enfants de griots qui ignorent tout des pratiques artistiques et des connaissances de leurs ancêtres.

 

Les différentes fonctions du korafola.

 

Traditionnellement, la kora est utilisée lors d’événements de réjouissance comme les naissances et les mariages mais aussi lors des rencontres où les korafolas (joueurs de kora) rivalisent de dextérité. Elle accompagne aussi le récit des djélis. Le korafola peut être seulement instrumentiste ou également chanteur accompagné de sa ou de ses femmes qui deviennent secondes chanteuses ou d’un autre djéli. La rencontre de deux korafolas donne souvent lieu à une sorte de dialogue à cordes faisant une large place à l’improvisation.